Le Tchad amorce la fin de sa coopération militaire avec la France

Le Tchad franchit une étape historique dans ses relations avec la France en annonçant la fin de l’accord de coopération militaire qui les lie depuis des décennies. Une commission spéciale, présidée par le ministre des Affaires étrangères, a été mise en place pour piloter cette dénonciation et assurer un retrait ordonné des engagements bilatéraux.
N’Djamena a officialisé sa volonté de rompre avec la coopération militaire française en créant une commission spéciale chargée de piloter la dénonciation de l’accord qui lie les deux pays depuis l’ère post-coloniale. Cette décision, annoncée le 28 novembre, intervient après « une évaluation minutieuse » et reflète une quête affirmée de « souveraineté ».
Selon un arrêté signé par le Premier ministre tchadien, cette commission, dirigée par le ministre des Affaires étrangères, a pour mission « de notifier officiellement la dénonciation de l’accord de coopération militaire (…) auprès des autorités françaises par voie diplomatique ».
Le texte stipule également qu’elle devra « élaborer un plan de travail pour la cessation des obligations prévues par la convention, identifier et gérer (ses) aspects juridiques, sécuritaires et logistiques », tout en se coordonnant avec la France pour un retrait ordonné.
La commission a pour tâche d’élaborer un calendrier pour la cessation des engagements bilatéraux, bien que la date de sa première réunion n’ait pas encore été communiquée. Conformément aux termes de l’accord, le délai de résiliation est fixé à six mois après la notification officielle.
Cette annonce intervient dans un contexte sensible, seulement quelques heures après une visite du ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, à N’Djamena. Si cette décision semble avoir pris Paris de court, les autorités françaises ont déclaré en prendre « acte », tout en espérant « un dialogue pour la mise en œuvre » de cette transition.
Le Tchad était jusqu’à présent le dernier bastion sahélien accueillant des forces françaises dans le cadre des accords de défense bilatéraux. Depuis la fermeture des bases militaires françaises au Mali, au Burkina Faso, et plus récemment au Niger, cette rupture marque un tournant dans la présence militaire française en Afrique.
Le gouvernement tchadien, en s’orientant vers la résiliation de cet accord, affirme sa volonté de redéfinir ses partenariats stratégiques et de prendre le contrôle total de ses politiques de défense et de sécurité. Cette démarche s’inscrit dans une tendance régionale où plusieurs pays du Sahel remettent en question leurs relations avec leurs anciens alliés occidentaux.
Pour l’heure, l’élaboration du plan de retrait et les négociations à venir entre Paris et N’Djamena seront déterminantes pour éviter toute escalade ou vide sécuritaire dans une région déjà en proie à une instabilité croissante.