RDC : le groupe rebelle du M23 prend le contrôle de la ville de Masisi à l’est du pays

Le week-end dernier, les rebelles du M23 ont pris le contrôle de la ville clé de Masisi, l’un des cinq principaux territoires de la province du Nord-Kivu, à l’est de la RDC, qui s’étend sur environ 59 483 kilomètres carrés. La ville de Masisi est la capitale du territoire de Masisi. Elle est située à environ 80 kilomètres au nord de la capitale provinciale du Nord-Kivu, Goma.
Plus tôt la semaine dernière, les rebelles ont capturé la ville voisine de Katale et, selon les médias, ils continuent d’avancer, s’emparant de larges pans de territoire d’une vaste coalition gouvernementale comprenant la milice locale Wazalendo, des mercenaires européens, des forces de l’armée burundaise et des troupes de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC).
La rébellion M23 a été créée le 6 mai 2013, après que le gouvernement congolais ait refusé de mettre en œuvre un accord de paix global signé le 23 mars 2009. Le M23 fait désormais partie d’une coalition plus large Congo River Alliance (AFC) créée en décembre 2023 dans la capitale kenyane Nairobi, par Corneille Nangaa, l’ancien président de la commission électorale congolaise, la CENI.
La dernière prise de territoire par les rebelles intervient trois semaines après l’ annulation brutale d’une précédente réunion proposée à Luanda entre le président Paul Kagame et ses homologues Félix Tshisekedi de la RD Congo et João Lourenço d’Angola.
Avant que la rencontre des présidents ne soit reportée à la mi-décembre dernier, les négociations entre les ministres des Affaires étrangères des deux pays se sont retrouvées dans une impasse. La septième réunion ministérielle devait examiner un projet d’accord qui devait être signé par les présidents le lendemain, mais elle s’est retrouvée dans l’impasse après que la ministre congolaise des Affaires étrangères, Thérèse Kayikwamba Wagner, a surpris ses homologues Olivier Nduhungirehe du Rwanda et Tete Antonio de l’Angola en refusant d’approuver une proposition de dialogue direct entre son gouvernement et les rebelles du M23.
Diverses initiatives n’ont pas réussi à mettre fin au conflit, qui a déplacé des centaines de milliers de personnes et forcé des dizaines de milliers d’autres à fuir vers les pays voisins.
Dans une interview accordée à la radio Top Congo lors de sa visite en Belgique, en août dernier, Tshisekedi a exclu toute possibilité de négociations de paix avec le M23. « Jamais, jamais, tant que je serai président de la République démocratique du Congo, je n’aurai devant moi la délégation du M23 ou de l’AFC… pour négocier, jamais », a déclaré Tshisekedi.
La province du Nord-Kivu, confrontée depuis des décennies à des problèmes de sécurité découlant en grande partie de la mauvaise gouvernance à Kinshasa et de l’idéologie du génocide, comprend trois villes – Goma, Butembo et Beni – et cinq territoires principaux : Beni, Lubero, Masisi, Rutshuru et Walikale.
Depuis trois décennies, la province abrite les FDLR, une milice sanctionnée par l’ONU liée au génocide de 1994 contre les Tutsis au Rwanda, qui continue de déstabiliser la région, notamment en diffusant une idéologie génocidaire anti-Tutsi et en persécutant les communautés tutsies congolaises.