Bassin du lac Tchad: Le trafic de drogue alimente l’extrémisme violent dans la région – Rapport

Un rapport récent du groupe Nextier a révélé le lien dangereux entre le trafic de drogue et l’extrémisme violent dans le bassin du lac Tchad, une région comprenant le Nigéria, le Tchad, le Cameroun et le Niger.
Le rapport, publié la semaine dernière, souligne comment les groupes insurgés, dont Boko Haram et ISWAP, s’appuient sur le lucratif trafic de drogue pour financer leurs opérations et recruter des membres, exacerbant l’instabilité de la région et sapant la gouvernance.
Selon le rapport, des stupéfiants tels que le tramadol, le cannabis, l’héroïne, le haschisch et la cocaïne sont introduits en contrebande à travers les frontières poreuses de la région. La faiblesse des institutions étatiques et la corruption au sein des forces de sécurité ont favorisé ce trafic. Citant des dossiers judiciaires, le rapport détaille des cas de corruption au sein des secteurs judiciaire et sécuritaire du Tchad, soulignant les défis systémiques dans la lutte contre cette menace.
Les groupes extrémistes utiliseraient les revenus de la drogue pour acheter des armes, financer leurs opérations et apaiser la peur chez les recrues avant les attaques. Le rapport fait référence aux conclusions de l’ONUDC qui ont révélé que Boko Haram utilisait du tramadol pour enhardir ses combattants, la consommation de drogue étant liée à une agressivité accrue contre les civils et les forces de sécurité.
Les communautés rurales pauvres du bassin du lac Tchad demeurent particulièrement vulnérables à l’exploitation par les trafiquants de drogue et les groupes extrémistes. Le rapport souligne que la pauvreté, les opportunités limitées et la promesse de récompenses financières et de statut social attirent souvent les jeunes vers les réseaux criminels. Ce cycle de pauvreté, de toxicomanie et de violence a gravement perturbé les économies locales, détruit les infrastructures et découragé les investissements, en particulier dans les zones rurales agricoles.
Les efforts déployés par les gouvernements et les organisations régionales, notamment l’Union africaine et la CEDEAO, pour lutter contre la double menace du trafic de drogue et de l’extrémisme violent se heurtent à des obstacles considérables, tels que le financement insuffisant, la corruption et le manque de coordination. Bien que des organismes internationaux comme l’ONUDC et INTERPOL aient fourni une assistance, le rapport souligne la nécessité d’une volonté politique plus forte et d’investissements à long terme.
Le groupe Nextier a proposé une stratégie à multiples facettes pour faire face à la crise. Celle-ci comprend le renforcement de la sécurité aux frontières par le biais de la main-d’œuvre et de la technologie, l’amélioration de la police de proximité et l’investissement dans des initiatives d’éducation et d’autonomisation économique. Le rapport appelle également à une meilleure gouvernance dans le domaine de l’application de la loi et à des interventions ciblées pour remédier aux vulnérabilités socioéconomiques des communautés frontalières.
Ces résultats constituent un avertissement sévère quant aux défis croissants auxquels la région du lac Tchad est confrontée. Sans une action urgente et coordonnée des gouvernements, des organisations régionales et des acteurs internationaux, le lien dangereux entre le trafic de drogue et l’extrémisme violent continuera d’alimenter l’instabilité, la violence et la souffrance humaine dans toute la région.
The Guardian