Burkina Faso : Arrestation de journalistes et dissolution de l’AJB, quand IB oublie qui est l’ennemi

Burkina Faso : Arrestation de journalistes et dissolution de l’AJB, quand IB oublie qui est l’ennemi
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Le Burkina Faso traverse une période sombre en matière de liberté d’expression. Récemment, la junte militaire au pouvoir a arrêté plusieurs journalistes et a dissout l’Association des Journalistes du Burkina (AJB). Cette attaque contre la presse, qui suscite une vive inquiétude parmi les défenseurs des droits humains, a été justifiée par le gouvernement sur la base de motifs administratifs. Une attaque de trop contre la liberté.

Le ministre burkinabè de l’Administration territoriale, Emile Zerbo, a annoncé que l’AJB ne s’était pas conformée à une loi de 2015 régissant le fonctionnement des associations. Selon lui, l’Association des Journalistes du Burkina n’existe plus légalement, car elle n’a pas respecté les obligations imposées par cette législation. « Au regard de la loi (…) il n’existe pas d’association dénommée +Association des Journalistes du Burkina+ », a-t-il déclaré. Zerbo a ajouté que l’AJB était « considérée comme dissoute ou inexistante depuis cette date », insinuant ainsi que son activité était désormais illégale.

Cette dissolution fait suite à un contexte déjà tendu au Burkina Faso, où la junte, qui a pris le pouvoir à la suite d’un coup d’État en janvier 2022, a multiplié les actions répressives contre les voix dissidentes, et particulièrement contre les médias. Les journalistes sont de plus en plus ciblés, et les arrestations se sont intensifiées ces derniers mois. Cette situation survient après que le président de l’AJB, Guézouma Sanogo, a dénoncé publiquement, lors d’un congrès extraordinaire, la multiplication des « atteintes à la liberté d’expression et de presse constatées ». Il a estimé qu’elles avaient « atteint un niveau jamais égalé » dans le pays. M. Sanogo, journaliste à la Radio-télédiffusion du Burkina (RTB), a qualifié la chaîne nationale et l’agence d’information du Burkina de « outils de propagande ».

Lundi, Sanogo et son vice-président, Boukari Ouoba, ont été « emmenés par des individus se présentant comme des policiers du service de renseignement (…) vers une destination inconnue », selon l’AJB. Un troisième journaliste, Luc Pagbelguem, de la chaîne privée BF1, qui a réalisé un reportage sur le congrès de l’AJB, a également été emmené par des agents de renseignement.

L’AJB, depuis sa création, a été un pilier important de la défense des droits des journalistes et de la promotion de la liberté de la presse au Burkina Faso. Elle a joué un rôle crucial dans la lutte pour un environnement médiatique libre et indépendant. Cependant, cette décision du gouvernement montre la volonté de la junte de mettre sous contrôle l’espace médiatique, limitant ainsi la capacité de la presse à exercer sa mission de surveillance et d’information du public. Cela montre aussi à quel point le combat de la junte contre le terrorisme reste factice car le seul combat qui semble à sa portée aujourd’hui s’avère être le celui contre les libertés citoyennes.

Les motifs administratifs avancés par la junte pour justifier cette dissolution soulèvent des interrogations. De nombreux observateurs estiment que cette démarche s’inscrit davantage dans une volonté de museler les voix critiques et d’entraver le travail des journalistes indépendants. D’autres y voient une tentative d’étouffer les rares espaces de débat et de libre expression dans le pays alors que le très populiste capitaine Ibrahim Traoré peine à tenir ses promesses d’éradiquer le terrorisme et à faire repartir l’économie du pays.

La communauté internationale, les organisations de défense des droits humains et les journalistes du monde entier ont dénoncé ces actions comme un grave recul pour la liberté d’expression au Burkina Faso. Reporters Sans Frontières (RSF) a exprimé son indignation et son inquiétude face à cette dérive autoritaire, appelant la junte à respecter les engagements du pays en matière de droits humains et à garantir la liberté de la presse.

La situation des journalistes au Burkina Faso, déjà précaire, semble donc se détériorer rapidement sous le régime actuel. Les arrestations et la dissolution de l’AJB ne font que renforcer la perception d’un contrôle de plus en plus autoritaire du gouvernement sur l’espace public et les médias pour, sans doute, voiler les tares emmagasinés dans d’autres secteurs comme la sécurité et l’économie.

Face à cette répression croissante, il est essentiel que les acteurs de la société civile, les journalistes et la communauté internationale unissent leurs forces pour défendre la liberté d’expression et le droit à l’information dans un pays qui a toujours su se démarquer malgré les difficultés.

admin

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