Corée du sud : la Cour constitutionnelle confirme la destitution du président de la République Yoon Suk Yeol

La Cour constitutionnelle sud-coréenne a confirmé à l’unanimité la destitution du président Yoon Suk Yeol, le démettant officiellement de ses fonctions suite à la déclaration de la loi martiale du 3 décembre. Cette décision marque la plus grave crise constitutionnelle que le pays ait connue depuis des décennies et marque le début d’un compte à rebours de 60 jours pour l’élection d’un nouveau président.
Yoon, 64 ans, a été suspendu de ses fonctions en décembre après que les députés ont voté sa destitution. Il avait annoncé la loi martiale lors d’une émission diffusée tard dans la nuit, évoquant des menaces non spécifiées de la part des forces « antiétatiques » et nord-coréennes. L’ordre a été levé six heures plus tard seulement, après que des militaires qui tentaient de sécuriser l’Assemblée nationale ont été bloqués par le personnel parlementaire.
La Cour a conclu que Yoon avait violé ses pouvoirs constitutionnels en déployant des forces militaires et policières contre le Parlement pour l’empêcher d’abroger son décret. Le juge en chef par intérim, Moon Hyung-bae, a déclaré que les actions de Yoon constituaient « un sérieux défi à la démocratie » et « une grave trahison de la confiance du peuple ».
Cette décision démet Yoon définitivement de ses fonctions. Le Premier ministre Han Duck-soo, rétabli dans ses fonctions de président par intérim le 24 mars, conservera ce poste jusqu’à l’investiture d’un nouveau président. Dans son arrêt, la Cour constitutionnelle a estimé que Yoon n’avait aucune base légale pour déclarer la loi martiale. La Cour a rejeté son argument selon lequel il était nécessaire de contrer les abus parlementaires présumés du Parti démocrate d’opposition, affirmant qu’il existait des voies constitutionnelles pour résoudre de tels différends.
Yoon fait également face à un procès pénal distinct pour insurrection, en lien avec le décret de loi martiale. Il a été arrêté en janvier et libéré en mars après l’annulation de son mandat d’arrêt par un tribunal. Les plaidoiries dans cette affaire pénale devraient commencer le 14 avril. S’il est reconnu coupable, il risque une peine maximale de réclusion à perpétuité ou la peine de mort.
Suite à la décision du tribunal, l’indice de référence sud-coréen Kospi a chuté de 1,66 % et le Kosdaq, à forte composante technologique, a perdu 0,85 %. Le won sud-coréen s’est légèrement renforcé. Le Parti du pouvoir populaire au pouvoir a déclaré accepter le verdict et présenter ses excuses publiques. Le président par intérim Han a déclaré qu’il œuvrerait pour assurer une transition pacifique et stable.
Le ministère des Finances a convoqué une réunion d’urgence avec la Banque de Corée et les régulateurs financiers afin d’évaluer l’impact économique. Les autorités ont déployé plus de 14 000 policiers à Séoul, craignant des troubles. Si certains partisans de Yoon ont réagi avec colère, les manifestations publiques sont restées globalement pacifiques.
La décision de la Cour devait apporter une certaine clarté politique, mais elle ne dissipe pas l’incertitude entourant la prochaine élection présidentielle. Le chef du Parti démocrate d’opposition, Lee Jae-myung, est largement considéré comme favori, bien qu’aucun candidat n’ait encore été officiellement désigné.