Bénin – Patrice Talon : neuf ans après, un bilan laudatif malgré des poches de frictions

La gestion de Patrice Talon en République du Bénin, neuf ans après sa prise de pouvoir en 2016, présente un bilan élogieux malgré quelques contrastes relatifs, mêlant des avancées notables pour le développement du pays et des critiques persistantes sur les réformes et actes politiques ou politiquement inspirés.
D’un côté, Talon a impulsé une transformation économique et infrastructurelle significative. Sous son leadership, le Bénin est devenu et reste le premier producteur de coton en Afrique, avec une production atteignant 587 000 tonnes, ce qui a renforcé l’économie nationale.

La croissance du PIB a été robuste, atteignant par exemple 7,2 % en 2021, portée par des investissements dans les infrastructures (routes, ports, énergie) et des réformes comme la modernisation du Code des investissements et la création de zones économiques spéciales, notamment à Glo-Djigbé. Ces initiatives ont attiré des industries et stimulé la transformation des produits agricoles locaux (coton, cajou, soja).

Sur le plan culturel, Patrice Talon a également promu le patrimoine béninois, avec des projets comme la restitution des trésors royaux d’Abomey par la France en 2021 et la participation à la Biennale de Venise, renforçant l’identité nationale et le tourisme. Aussi, la réforme concernant la célébration des cultes endogènes qui a vu naître les Vodun Days, cadre parfaitement avec le slogan du pays : Bénin, Un Monde de Splendeur.

Cependant, sa gouvernance suscite des controverses, notamment en matière de démocratie et de libertés. Talon est souvent accusé d’avoir adopté un style autoritaire, en réprimant l’opposition et en consolidant son pouvoir. Des figures politiques comme Reckya Madougou et Joël Aïvo ont été emprisonnées, tandis que d’autres, comme Sébastien Ajavon, ont été poussées à l’exil.
Les élections sous son mandat, notamment les législatives de 2019 et la présidentielle de 2021, ont été critiquées pour leur manque d’inclusivité, avec une opposition marginalisée et un faible taux de participation (50 % en 2021). Sa mainmise sur les institutions, comme la Cour constitutionnelle présidée par un ancien allié, et la réduction des contre-pouvoirs ont alimenté les accusations de dérive autocratique.

Certains observateurs, sur des plateformes de réseaux sociaux et autres médias, vont jusqu’à le qualifier de « dictateur », bien que d’autres reconnaissent les bases posées pour le développement et assurent qu’il fallait qu’il soit le « méchant de service » pour que ce pays prenne enfin son envol vers le développement.
Sur le plan régional, sa gestion des relations avec des voisins comme le Niger et le Burkina Faso, marqués par des coups d’État, a été pragmatique mais tendue. Le différend autour de l’exportation du pétrole nigérien via le port de Sèmè illustre ces frictions, certains accusant Talon de privilégier des intérêts personnels ou étrangers au détriment de la solidarité sous régionale.

Malgré tout, après neuf ans, Talon laisse une empreinte de rigueur et transformation silencieuse, n’ayant pas beaucoup communiqué sur ses réalisations ni avec le peuple, avec des progrès économiques et infrastructurels indéniables. Son départ annoncé pour 2026, conformément à la limite constitutionnelle qu’il dit respecter, sera un test crucial pour évaluer si les réformes qu’il a engagées perdureront sans sa présence, et si son successeur saura concilier développement et pluralisme.