Le Cameroun : un pays immobile dirigé par le ‘’vieux Biya’’ et ses promesses éternellement reportées

Le Cameroun : un pays immobile dirigé par le ‘’vieux Biya’’ et ses promesses éternellement reportées
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Le président camerounais Paul Biya a publié sur le réseau social X qu’un grand destin attend le Cameroun, en dépit des obstacles et des difficultés. Il a souligné que « nous savons où nous allons et comment nous y allons ». Un des nombreux discours d’un dirigeant qui semble ne plus rien avoir à apporter à son peuple que des discours et des promesses qui ne font que revenir. Il est important de se poser la question de savoir ce que peut apporter encore Biya à un Cameroun devenu monotone et un peuple devenu indifférent.

Paul Biya, au pouvoir depuis 1982, est l’un des dirigeants les plus anciens d’Afrique. Après près de cinq décennies, évaluer son impact et sa capacité à offrir quelque chose de nouveau au Cameroun nécessite de regarder à la fois ses réalisations et les critiques qui entourent son règne.

D’un côté, Biya a maintenu une certaine stabilité politique dans un pays entouré de voisins souvent secoués par des conflits, comme le Nigeria ou la République centrafricaine. Ses partisans pourraient arguer que cette longévité a permis une continuité dans la gouvernance, évitant les bouleversements brutaux qu’ont connus d’autres nations. Il a aussi supervisé des projets d’infrastructure et maintenu le Cameroun comme un acteur régional, avec des discours qui projettent une vision optimiste et déterminée.

Mais de l’autre côté, cette longévité soulève des questions sérieuses. Beaucoup critiquent une stagnation économique et sociale : le Cameroun reste plombé par la pauvreté (près de 40 % de la population vit sous le seuil de pauvreté selon les estimations récentes), le chômage des jeunes est endémique, et les inégalités sont criantes. La crise anglophone, qui a dégénéré en conflit armé dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest depuis 2016, est un point noir majeur. Sa gestion répressive de ce conflit – avec des accusations d’abus par les forces de sécurité – a terni son bilan et divisé le pays. À cela s’ajoute la perception d’un pouvoir autoritaire : les élections sont régulièrement contestées, l’opposition muselée, et la liberté d’expression limitée.

Quant à savoir s’il a encore quelque chose à apporter, c’est une question qui divise. À 92 ans en 2025, son âge et sa présence intermittente (il passe beaucoup de temps à l’étranger) font douter de sa capacité à impulser un renouveau. Ses discours parlent d’un « grand destin », mais sans réformes concrètes ou succession claire, ça ressemble plus à une rhétorique creuse pour beaucoup. Le Cameroun a besoin d’innovation, d’emploi, de réconciliation – des défis qui demandent une énergie et une vision que Biya, après 42 ans, semble peiner à incarner.

Il faut simplement souligner que son bilan est mitigé : stabilité d’un côté, immobilisme et répression de l’autre. Après autant de temps, il est légitime de se demander si le « comment nous y allons » qu’il évoque n’est pas juste une promesse éternellement reportée.

admin

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