Des soldats israéliens se suicident après avoir vu des horreurs commises par leur armée à gaza (MEMO)
Les soldats israéliens de retour de Gaza font état de graves traumatismes psychologiques, certains se suicidant après avoir été témoins de ce qu’ils décrivent comme des horreurs que le monde extérieur ne pourra jamais vraiment comprendre. Leurs récits poignants offrent un aperçu de la réalité brutale de l’assaut israélien sur Gaza et du coût psychologique que la violence perpétrée contre les Palestiniens fait payer aux soldats de l’occupation servant sur les lignes de front.
Dans des témoignages adressés à CNN, des soldats de l’occupation revenant de Gaza ont révélé l’horreur des opérations israéliennes. Ils ont témoigné que les troupes ont dû « écraser » des Palestiniens morts ou vivants « par centaines ». Ils ont déclaré ne pas avoir pu manger de viande après leur déploiement, affirmant que la vue de cette viande leur rappelait les scènes horribles observées à Gaza. « Quand vous voyez beaucoup de viande dehors, et du sang… le nôtre et le leur, cela vous affecte vraiment quand vous mangez », a déclaré un soldat à CNN.
Eliran Mizrahi, un réserviste de 40 ans, fait partie des soldats de l’occupation qui se sont suicidés à leur retour de Gaza après y avoir été déployés le 8 octobre dernier. Mizrahi a passé 186 jours à conduire un bulldozer D-9, un véhicule blindé de 62 tonnes conçu pour résister aux explosifs et aux balles. Guy Zaken, l’ami de Mizrahi et co-pilote du bulldozer, a donné un aperçu de leur expérience à Gaza. « Nous avons vu des choses très, très, très difficiles », a déclaré Zaken à CNN . « Des choses difficiles à accepter. »
Avant de se suicider, Mizrahi souffrait de graves symptômes de stress post-traumatique (SSPT), notamment des accès de colère, des sueurs, des insomnies et un repli sur soi. Sa famille a rapporté qu’il avait déclaré à plusieurs reprises que seuls ceux qui avaient servi à ses côtés pouvaient vraiment comprendre ce dont il avait été témoin. « Il a vu beaucoup de gens mourir », a déclaré sa mère. « Peut-être même qu’il a tué quelqu’un. »
L’armée d’occupation est aux prises avec une crise de santé mentale sans précédent dans ses rangs. Selon la division de réadaptation du ministère israélien de la Défense, environ 1 000 soldats sont retirés du combat chaque mois, et 35 % d’entre eux signalent des problèmes de santé mentale. On prévoit que d’ici la fin de l’année, 14 000 combattants blessés auront besoin de soins, et 40 % d’entre eux devraient souffrir de problèmes de santé mentale.
Ahron Bregman, politologue au King’s College de Londres et ancien soldat israélien, explique que Gaza présente des défis psychologiques uniques en raison de sa nature urbaine et de sa durée prolongée. « Comment pouvez-vous mettre vos enfants au lit alors que vous avez vu des enfants se faire tuer à Gaza ? », demande-t-il. Israël fait actuellement l’objet d’une enquête de la Cour internationale de justice (CIJ) pour génocide. L’État hébreu nie cette allégation.
Bregman a ensuite expliqué que les conducteurs de bulldozers blindés sont parmi ceux qui sont les plus directement exposés à la brutalité de l’opération israélienne à Gaza. « Ce qu’ils voient, ce sont des morts, et ils les nettoient avec les débris », a déclaré Bregman à CNN. « Ils passent dessus. »
En Israël, la crise du suicide ne se limite pas à l’armée. Plus de 500 personnes se suicident chaque année, et plus de 6 000 tentent de mettre fin à leurs jours. Le ministère de la Santé reconnaît que ces chiffres sont probablement sous-estimés de 23 %, ce qui suggère que l’ampleur réelle de la crise pourrait être encore plus grande. Au sein de l’armée d’occupation en particulier, le suicide a été signalé comme la principale cause de décès parmi les soldats en 2021, avec au moins 11 soldats qui se sont donné la mort cette année-là.
L’ampleur du syndrome de stress post-traumatique de Mizrahi a été révélée au grand jour dans un contexte de controverse, lorsque l’armée d’occupation a refusé de lui accorder des funérailles militaires. L’armée a été contrainte d’annuler sa décision suite à un tollé général.
Malgré les preuves de plus en plus nombreuses du grave traumatisme psychologique dont souffrent les soldats israéliens et du bilan personnel dévastateur du génocide à Gaza, des sondages récents indiquent que seulement 6 % des Israéliens estiment que l’opération militaire dans l’enclave assiégée devrait être stoppée.