Après le Tchad, le Sénégal demande le départ des soldats français de son territoire
Le président sénégalais Bassirou Diomaye Faye souhaite mettre fin à la présence des troupes françaises dans ce pays d’Afrique de l’Ouest.
« Il n’y aura bientôt plus de soldats français au Sénégal », a déclaré M. Faye au quotidien français Le Monde, soulignant l’importance de la souveraineté nationale.
L’armée française est présente au Sénégal depuis l’indépendance du pays en 1960, principalement pour des missions de formation et de sécurité régionale. Quelque 350 militaires français sont actuellement présents dans le pays.
Il s’agit de la première déclaration officielle du gouvernement sénégalais appelant au départ des troupes françaises. Pourtant, en mai 2024, le Premier ministre Ousmane Sonko avait critiqué leur présence, remettant en cause leur nécessité dans un pays souverain.
Faye, en poste depuis avril, a déclaré qu’il commémorerait dimanche le 80e anniversaire du massacre de Thiaroye, lorsque des centaines de fusiliers africains ont été tués par les forces françaises en 1944 pour avoir exigé une solde.
Le président sénégalais a indiqué avoir reçu une lettre de son homologue français Emmanuel Macron reconnaissant que l’incident « était bel et bien un massacre ».
« Il ne suffit pas de reconnaître qu’il s’agit d’un massacre ; il faut ouvrir la voie à une pleine collaboration pour découvrir toute la vérité sur les événements tragiques de Thiaroye », a-t-il ajouté.
Dans une interview séparée avec la chaîne France 2, le président Faye a abordé la question des soldats français actuellement stationnés dans la capitale Dakar sur différentes bases militaires.
« En tant que Français, envisagez-vous de nous voir dans votre pays avec des chars ou avec des véhicules militaires, des soldats sénégalais avec des uniformes sénégalais ? Je ne pense pas car historiquement, la France a asservi, colonisé et est restée », a-t-il déclaré.
Il a poursuivi : « Évidemment, je pense que lorsqu’on inverse un peu les rôles, on aura beaucoup de mal à imaginer qu’une autre armée, la Chine, la Russie, le Sénégal ou n’importe quel autre pays, puisse avoir une base militaire en France. Le Sénégal est un pays indépendant, c’est un pays souverain, et la souveraineté ne s’accommode pas de la présence de bases militaires dans un pays souverain. »
Tendance régionale
La déclaration de Faye intervient alors que le Tchad, pays d’Afrique centrale, a mis fin jeudi à un accord avec la France visant à renforcer la coopération en matière de sécurité et de défense entre les deux nations.
Cette évolution s’inscrit dans une tendance régionale plus large, alors que les pays voisins comme le Mali, le Burkina Faso et le Niger ont récemment expulsé les troupes françaises, cherchant à redéfinir leurs partenariats de sécurité.
Le Mali, le Burkina Faso et le Niger sont membres de l’Alliance des États du Sahel, formée en septembre dernier.
Les trois nations dirigées par l’armée se sont retirées de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest, ou CEDEAO, qui avait menacé d’intervenir par la force au Niger à la suite d’un coup d’État dans ce pays l’année dernière.
Depuis lors, les trois pays ont travaillé ensemble dans la lutte contre le terrorisme et dans l’intégration régionale, en instituant des mesures telles qu’un passeport unique et en facilitant les communications et la diplomatie.
(Anadolu)